Développer le tourisme est un défi singulier. Tout est possible, surtout le pire. Ce livre rend compte d’un travail de recherche sur le potentiel touristique de la Patagonie chilienne. Mais quel tourisme ? En quels endroits ? Avec qui et dans quelles conditions, dans une société qui fabrique, ici comme ailleurs, ses propres maux ? Pour tenter de répondre à ces questions, Franck Michel revient sur l’histoire de cette région, depuis les premiers nomades des mers et des terres, jusqu’aux difficultés économiques et sociales actuelles, analyse les tendances et les modes des voyageurs que nous sommes, ou que nous aimerions être, interroge les habitants et recueille leurs attentes, parcourt lui-même cette Terre-Mer, cette immensité perdue dans le silence du monde. Dans ce récit documenté et passionnant, Franck Michel dévoile une Patagonie méconnue, voire oubliée, qui se découvre à petits pas, en harmonie avec les paysages, les hommes et les esprits des lieux.
EXTRAIT
« Un voyage n’est jamais gagné d’avance mais celui-ci, qui si tout va bien devrait se dérouler paisiblement au sud du Chili, commence décidément bien. Sous l’égide bienveillante d’un Francisco Coloane, écumeur des mers à la plume bien trempée, fin connaisseur de tous ces lieux que je tenterai modestement d’aborder. Basé momentanément au cœur de la Patagonie, à Coyhaique (Aysén), je monte dans l’avion à Balmaceda pour atterrir à Puerto Montt, début du périple de trois mois qui va m’amener, tranquillement, du nord au sud de la Patagonie. Enfin plutôt d’une Patagonie. Car chacun définit ce mythe géographique selon ses désirs, ses fantasmes ou… ses intérêts ! Ma Patagonie se focalise sur Aysén, ou « XIe Région » selon la froide terminologie administrative chilienne, cette immense partie de la Patagonie à la densité plus que faible et dont le territoire est un brin oublié des grands opérateurs touristiques mondiaux. Mon objectif est de longer le littoral, d’emprunter la route maritime au moins autant que la terrestre, plus fréquentée, et bientôt – car le progrès n’attend pas, surtout au Chili – goudronnée du nord au sud ! Le progrès voulu par presque tous est aussi l’assassin attitré de la magie d’une certaine vision – utopiste, romantique ou idéaliste – du voyage. De la vie aussi. Comment, dans notre monde vorace, où trop souvent l’avoir prime sur l’être, « avoir » en même temps le beurre et l’argent du beurre ? La route moderne et le calme habituel ? Entre la vitesse et la lenteur, le choix est parfois inévitable : on ne roule pas à cent à l’heure en trottinette, même à fond sur la Carretera Austral ! »
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